À l’occasion du lancement de la nouvelle identité visuelle de Champagne EPC, nous célébrons le retour d’une ancienne invitée, Camille Jullien, co-fondatrice de la marque. Dans cet épisode, nous allons donc revenir sur ce qui c’est passé pour Champagne EPC depuis l’interview de la saison 1 et surtout nous demander :

 

Quand faut-il faire le rebranding de sa marque ?

TRANSCRIPTION

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Manon et Miguel :

Salut Miguel, salut Manon. Bonjour Camille. Bienvenue dans la potion.

Camille :

Bonjour à tous les deux.

Manon :

Dans cet épisode sobrement intitulé : QUAND FAUT-IL FAIRE LE REBRANDING DE SA MARQUE ? C’est une question qu’on va se poser avec toi aujourd’hui, mais peut-être avant de de s’attaquer à cette grosse question, on pourrait tout simplement revenir sur Champagne EPC pour ceux qui auraient raté l’épisode de la première saison, puisqu’on est déjà à la saison 3 de la Potion.

Camille :

Avec plaisir. Bonjour à tous les deux. On a lancé la marque en juin 2019. Donc il y a un peu plus de trois ans maintenant. On a soufflé nos trois bougies cette année. Et en fait, il y a trois piliers de la marque. Un, c’est d’avoir un champagne qui a une collaboration particulière avec les vignerons. Parce qu’avec nous ce sont eux qui élaborent le champagne de A à Z et donc ça permet de mieux valoriser leur savoir-faire et de mieux les rémunérer. Le deuxième pilier, c’est la traçabilité, on a vraiment des champagnes qui sont 100% traçables. D’ailleurs sur chacune de nos cuvées, on a une carte d’identité du champagne qui permet d’identifier quel cépage et quel terroir, quel taux de sucre, pour vraiment donner une transparence totale. Et on met moins de sucres et moins de sulfites que la moyenne. Et le troisième pilier, c’est la marque. L’idée c’est d’avoir une marque de champagne qui est un peu libérée des codes du secteur avec une expérience de consommation qui est différente. On met par exemple une pastille thermosensible sur nos bouteilles qui indique quand le champagne à température idéale de dégustation. On a des petits messages surprise qui apparaissent quand vous ouvrez votre bouteille de champagne EPC. L’idée c’est de créer une expérience de consommation différente pour apporter quelque chose de nouveau. Donc voilà les trois piliers de la marque. Ça fait trois ans qu’on s’est lancé et c’est encore le tout début de l’aventure, mais voilà.

Manon :

Et vous avez déjà fait un beau chemin jusqu’ici. Dirais-tu que le Champagne EPC d’aujourd’hui est le même que celui de mars 2021 ?

Camille :

C’est une très bonne question, justement parce qu’aujourd’hui on arrive vraiment à un tournant de la marque Champagne EPC. Parce que comme vous l’avez mentionné au tout début de l’épisode on va changer complètement l’identité de la marque. L’identité va être lancée vraiment véritablement à partir du mois de novembre, il y aura un tournant, même si évidemment les fondements de la marque restent exactement les mêmes. Le côté épicurien et la valorisation du terroir sont des valeurs fondamentales pour Champagne EPC. Mais du coup la marque va évoluer pour une plus grande premiumisation. En fait pour vous refaire peut-être un peu l’histoire, il y a évidemment le secteur du champagne, qui est un secteur extrêmement concurrentiel. On connaît tous les grands mastodontes, de très très belles marques, il y a des centaines de marques en Champagne, et en fait l’idée c’était vraiment d’émerger vite au lancement. On avait des plus petits moyens que certaines très grosses marques et on a voulu tout de suite avoir un positionnement qui était très polarisant, très clivant. On avait un design de bouteille notamment qui était polarisant. On a des gens qui détestent notre bouteille et d’autres qui adorent mais on voulait marquer les esprits. On voulait que les gens, quand ils voient une bouteille de champagne, il se souviennent de l’avoir vu.

Manon :

Absolument et c’est tout à fait juste ce que tu dis. On a eu l’occasion après le podcast de passer devant une boutique et c’est vrai que vos bouteilles ne passent pas inaperçues. En tout cas, je pense que là c’était paris gagné. Alors, nous l’avons déjà fait dans le premier épisode, c’est-à-dire le portrait chinois. On va revenir dessus aujourd’hui. Et on va reposer les mêmes questions qu’au premier épisode afin de voir si il y a une évolution, si la copie va changer.

Miguel :

Je voulais juste faire une précision et c’était intéressant ce que tu disais. Tu disais que la marque restait la même, les valeurs pareil, malgré le changement d’identité visuelle. Et ça c’est un sujet qu’on avait développé. Une identité visuelle, c’est amené à évoluer avec le temps parce que la marque elle-même, son histoire, n’est pas figée dans le temps. Les demandes changent, les pratiques changent. Donc une marque, c’est comme une personne qui grandit. Dans la vie, on peut changer de de manière de s’habiller par exemple, ça de manière de parler. C’est quelque chose de tout à fait logique. Je veux juste faire cette précision avant de passer au portrait chinois.

Manon :

Si champagne EPC était un animal, ce serait ?

Camille :

Alors, c’est une très bonne question. Je sais pas du tout ce que j’avais dit à l’époque mais je pense le coq. Parce qu’en fait le coq, c’est le symbole pour moi de la France et il y a vraiment cette idée de valorisation du terroir, notamment du fait de l’histoire d’un des co-fondateurs Édouard Roy, qui est lui-même fils et petit-fils de vignerons champenois, qui baigne là-dedans depuis qu’il est petit. Et même avec Jérôme qui lui a travaillé pendant 25 ans dans le champagne, c’était vraiment l’idée de valoriser le terroir champenois et donc par extension valoriser le terroir français. Donc c’est vraiment ça qui nous tient à cœur. Donc je dirais le coq parce que pour moi c’est le symbole de la France.

Manon :

Alors on laissera les auditeurs écouter le premier épisode qu’on avait ensemble pour comparer les choses. Si Champagne EPC était un pays, ce serait ? Et on a pas le droit de dire la France. C’est trop facile !

Camille :

C’est une très bonne question aussi. Je pense que ce serait évidemment la France mais si on peut pas dire la France, je pense que je dirais les États-Unis. Parce qu’en fait c’est vraiment là où on va aller. On vient de lever de l’argent et notre objectif, c’est de nous exporter, notamment aux États-Unis. Aujourd’hui, on est présent dans 30 pays mais il s’agit d’un gros challenge, c’est les États-Unis. C’est le premier pays à l’export en Champagne. Donc c’est un pays très important donc c’est pour ça que je dirais ça, parce que c’est ce qui est en ligne de mire pour nous.

Miguel :

Si champagne EPC était un plat, ce serait ?

Camille :

Alors ça oui, il y en a plein. Je pense que je dirais le fromage et d’ailleurs c’est une très bonne question parce que en fait le champagne souvent ne se consomme pas en mangeant avec des plats. On dit que c’est plutôt l’apéritif en général. Nous justement avec EPC, comme on veut vraiment remettre le champagne au centre de la table, parce que c’est un vin, les gens d’ailleurs oublient que le champagne est un vin. Mais je dirais le fromage parce que je trouve que l’alliance Champagne / fromage, c’est l’une des choses les plus extraordinaires.

Miguel :

Alors tu es plutôt blanc ou rouge avec le fromage ? C’est la grande question !

Camille :

Je suis plutôt champagne !

Manon :

Si EPC était une célébrité, ce serait ? Un peu corsé comme question.

Camille :

Alors si c’était une célébrité. Très bonne question en fait. Pour le coup dans les inspirations qu’on a, je vais vous dire quelqu’un qui n’a absolument rien à voir avec le champagne, c’est Jacquemus, que l’on trouve très inspirant parce qu’il a su apporter dans l’univers de la mode qui est très polissé une vision différente, qui est à la fois très luxe mais en même temps différente. Je le trouve extrêmement inspirant. Au quotidien sur champagne EPC, on aime beaucoup regarder enfin moi j’aime beaucoup regarder un peu les inspirations qu’il y a dans d’autres secteurs. Voilà Simon Porte Jacquemus, c’est le fondateur de la marque éponyme, il est très inspirant.

Miguel :

Si champagne EPC est un film, ce serait ?

Camille :

Ce serait, alors la réponse facile, il y a un film qui est sorti récemment et qui s’appelle Champagne. Mais sinon, je ne sais pas pourquoi, j’ai envie de dire la Grande Vadrouille, alors que ça a absolument rien à voir. Pourquoi je dirais la Grande Vadrouille ? Parce que c’est les films qui ont marqué l’histoire du cinéma français et de la même façon que je pense de façon extrêmement prétentieuse, on aimerait marquer l’histoire du champagne. Donc évidemment français puisque le champagne ne peut être que français.

Miguel :

Ça c’est une réponse qui me va.

Manon :

Si Champagne EPC était un livre, ce serait ?

Camille :

Épicure a écrit de nombreux livres dont je ne connais pas les titres précis mais en fait comme EPC, ça veut dire épicurien, du coup qui est directement inspiré du philosophe Épicure, je dirais un des écrits d’Épicure.

Miguel :

Si champagne EPC était une couleur, ce serait ?

Camille :

C’est une bonne question aujourd’hui, dans la marque actuelle c’est le cuivre notre couleur. Mais justement ça va changer et demain ça va être, attention spoiler, le vert.

Miguel :

Le vert, d’accord. Et tu as une petite explication sur ça ou tu veux qu’on en discute plus tard ?

Camille :

Le vert pour plusieurs raisons, parce que c’est une couleur extrêmement élégante, c’est aussi une couleur qui est très peu utilisée aujourd’hui comme couleur phare de maison champagne. Aujourd’hui, on est beaucoup plus sur des tons dorés et le vert c’est aussi en lien avec toute notre volonté d’être le plus responsable, d’un point de vue RSE.

Manon :

Si Champagne EPC était une voiture, ce serait ?

Camille :

Un vélo, je peux dire un vélo ? Parce qu’à l’origine, on en discutait avec Edouard, l’histoire d’EPC est partie d’une épopée à vélo qu’il avait fait avec des amis à lui. Et du coup on a gardé cette anecdote et maintenant sur toutes nos contre-étiquettes, on indique donc le terroir dont est issue la cuvée et à chaque fois, on dit quelle est la distance en vélo entre Épernay, qui est quand même le cœur de la Champagne, entre Épernay et le terroir en question. Donc en fait sur toutes nos contre-étiquettes, on a le mot vélo. Donc pour moi, c’est notre moyen de locomotion.

Miguel :

Pour rappel, je vais donner l’une des réponses, tu avais parlé de l’enjambeur.

Camille :

Pourquoi ça s’appelle l’enjambeur ? Puisque ça enjambe les vignes et ça permet du coup d’entretenir la vigne et c’est le moyen de locomotion des vignerons.

Miguel :

Si Champagne EPC était une entreprise d’un autre secteur, ce serait ?

Camille :

Je pense que Jacquesmus dans le secteur de la mode, c’est une entreprise qui est très inspirante pour nous. Donc voilà toute proportion gardée évidemment, parce qu’on est loin d’avoir leur taille aujourd’hui mais voilà, il y a cet esprit de liberté chez Jacquemus que nous on essaie de transmettre aussi à travers à travers EPC.

Miguel :

Alors maintenant, on va s’intéresser à cette grande question du rebranding. Quand faut-il repenser le branding de sa marque ?

Manon :

D’ailleurs, je pense que de nombreuses entrepreneurs se pose cette question. Comment savoir si c’est le bon moment pour repenser son identité visuelle ? Du coup la question que je voulais te poser, qu’est-ce qui vous a poussé à faire ce choix ?

Camille :

C’est une très bonne question et d’ailleurs, je commencerai par dire que le plus gros risque je pense quand on travaille un marketing ou quand on a une entreprise, ça marque c’est son bébé. C’est de vouloir tout le temps changer la communication, l’identité visuelle de sa marque parce que quand on travaille sur une marque, on la voit toute la journée. On travaille dessus donc on passe 7 ou 8 heures par jour voire 10 heures à regarder sa marque à regarder sa communication. Et donc on s’en lasse beaucoup plus vite qu’un consommateur normal qui est exposé aux publicités de la marque une fois de temps en temps. Et donc l’écueil dans lequel il ne faut pas tomber à mon sens, c’est de se dire ah bah je me suis lassé donc ça veut dire que les consommateurs et les clients se sont lassés. Donc ça veut dire qu’il faut que je change ma marque. Donc ça pour moi, c’est la première. Enfin si j’avais un conseil. Faites attention, il ne faut pas prendre son avis perso pour une réalité. Et enfin, il y a parfois plusieurs risques à changer sa marque, surtout quand c’est une marque qui est très bien. Parce que voilà, on peut perdre des consommateurs ou des clients en cours de route. Donc c’est un exercice qui n’est pas forcément facile. Dans notre cas précis, on dit toujours “notre avis ne vaut rien”. C’est celui des consommateurs et des clients qui compte et évidemment tout ça c’est l’élément déclencheur. C’est parti d’une étude qu’on a faite, parce qu’il faut savoir qu’au lancement de la marque Champagne EPC, comme on voulait émerger très vite dans un environnement extrêmement concurrentiel tel que le champagne, on avait fait le choix stratégique d’avoir un design et une identité visuelle extrêmement polarisante. On voulait susciter une réaction, que les consommateurs aiment ou n’aiment pas, mais on ne voulait vraiment pas avoir des gens qui soient neutres parce qu’on voulait que les gens se rappellent de champagne EPC. Sauf que du coup on a fait donc une étude approfondie. Donc c’était il y a six mois de ça. Donc près de trois ans après le lancement, parce qu’on s’est dit que c’était le bon moment de la faire. Et en fait, on a fait une étude auprès de nos clients professionnels et de nos clients particuliers, nos consommateurs. Ce qui est ressorti de cette étude, c’est deux choses. Un, qu’il y avait la moitié des gens qui adoraient notre design et l’autre moitié qui la détestaient. Et le problème de notre identité visuelle actuelle pour champagne EPC c’est que ça ne rendait pas justice à la qualité de notre champagne. Qui est un champagne extrêmement, bon qui a été primé. Mais du coup le design pouvait faire un peu de chip, on va dire par rapport à la qualité du vin. Donc fort vraiment de ces deux résultats de l’étude, on se dit voilà, c’est le moment de changer parce qu’il y a un vrai besoin de business qui est de premiumiser et de donner une meilleure valeur perçue à la marque. Et également c’est aussi plus facile de changer lorsqu’on est jeune que quand on a 30 ans d’expérience et qu’on a une base de clients qui est encore plus solide que la notre.

Miguel :

Je me dis, est-ce que vous y avez été un peu quand même les jambes tremblantes ? Parce que cette identité, c’est ce qui a fait aussi votre singularité, j’imagine à votre lancement. Il y avait des appréhensions où vous êtes dit non, c’est bon, c’est la bonne carte à jouer ?

Camille :

Je sais pas s’il y avait des appréhensions mais en tout cas ce qui est sûr, c’est qu’entre le moment où on est parti de ce constat-là et le moment où on a briefé le designer qui a travaillé sur notre nouvelle identité, il y a eu un gros gros travail. C’est à dire que l’idée c’était pas de lui dire bon bah on veut changer l’identité point. C’était vraiment de comprendre qu’est-ce qui plaisait quand même dans les éléments actuels de notre design et qu’on voulait garder et qu’est-ce qui plaisait moins ? Qu’est-ce qu’on voulait transmettre ? Parce que l’idée effectivement c’est comme vous dites, ce n’est pas de devenir un champagne entre guillemets comme les autres. Parce que il y a déjà des très belles marques pour ça, plein plein de très belles marques de champagne. Nous on veut continuer à se différencier. Et donc voilà, le brief a été de faire un nouveau design sur deux axes majeurs premiumisés, mais tout en conservant une modernité très forte. Moi je lui ai dit à la fin des différents design quand tu vas nous présenter différents design, on va faire un test. Et moi je veux que lorsqu’on on va mettre la nouvelle bouteille EPC dans une simulation de rayon avec d’autres bouteilles de champagne, je veux que les gens qui la voient se disent, c’est ça le champagne de demain. Et c’était ça le brief. Donc avec de l’appréhension non parce qu’on avait vraiment bétonné notre brief avec différentes analyses, et on avait aussi des idées claires pour évaluer notre design.

Miguel :

Est-ce que vous êtes aussi questionné sur le nom ? Vous vous êtes dit champagne EPC, c’est peut-être pas assez parlant sur ce côté Premium ?

Camille :

Oui. Puisqu’on parle d’identité de marque effectivement le nom c’est une composante importante. On savait aussi qu’on avait fait le choix d’avoir un nom qui était très différenciant à l’époque. Pourquoi on l’avait choisi ? Pour rappel, c’est un, parce qu’il était différentiant et deux parce que c’est un des paramètres de l’étude initiale, c’est qu’on voulait que les gens se souviennent de notre nom. Donc on avait testé cinq noms différents et chaque fois qu’on faisait un test deux heures. Après le test, on rappelait la personne en question et on disait parmi les cinq noms que je t’ai présenté il y a deux heures, desquelles tu te souviens ? Et systématiquement, ils se souvenaient d’EPC. On a mis en fait le nom dans l’étude et les ressorti que les gens n’avaient aucun problème. Alors oui, il y avait une partie qui n’aimait pas trop mais c’était vraiment minoritaire. La grande majorité des gens apprécient notre nom, l’attribuent vraiment à la marque et surtout ça faisait partie des marqueurs, effectivement du fait qu’il se rappelle notre marque. Donc il n’y avait vraiment pas du tout de nécessité de changer. Non donc pareil encore une fois, je pense que pour moi l’écueil dans ce cas-là, c’est de vouloir tout casser. Il faut surtout pas casser. Enfin pour moi c’est un conseil. C’est surtout pas aller casser un jouet qui marche parce qu’il y a une ou deux personnes qui n’aiment pas. Il faut encore une fois que ce soit l’effet massif et quantitatif avant de prendre une décision d’un changement important.

Manon :

Et du coup on garde aussi le blida j’imagine ?

Camille :

Le blida effectivement, notre verre. En fait, on avait pris le partie d’avoir ce verre-là qui était le vert typique, qui est le vert typique des vignerons qui ressemble en fait à un verre à thé et qui sort des codes de la flûte. Alors là, on le garde. Par contre, je pense que l’ajustement qu’on va faire c’est qu’on ne va pas être uniquement sur le blida, plus s’ouvrir on va dire sur le verre à vin le blida et d’autres verres. En fait, c’est vraiment vous montrer aux consommateurs et aux clients qu’il y a plein de possibilités finalement pour consommer son champagne, pas uniquement la flûte. Et voilà, mais pas uniquement le blida non plus. Mais on garde le blida qui fait partie intégrante de notre identité bien évidemment.

Miguel :

Moi je trouve ça vraiment intéressant parce qu’en fait, j’ai l’impression que vous avez dans ce grand écart entre innovation et tradition si on peut dire, parce que le champagne c’est vrai, c’est quand même une tradition qui est quand même lourde. Vous avez vous êtes rapproché des codes peut-être visuels un peu plus traditionnels, plus culturels tout en gardant cette singularité, cette modernité de Champagne EPC dans le nom. Et je trouve que c’est oui, rien de mieux effectivement que de bonnes grosses études comme on le dit à chaque fois dans nos épisodes préceptes où on s’attache beaucoup à pas simplement parler de l’expérience qu’on a en tant que designer. Mais on s’appuie sur de vrais études universitaires dans lesquelles on fait des sondages, des tests. Donc ça c’est vraiment super important et c’est vrai qu’on l’oublie parfois, mais rien de mieux que la réalité du terrain.

Camille :

Voilà et pour rebondir sur ce que tu dis, c’est vrai que l’équilibre entre tradition et modernité c’est important parce qu’il faut quand même qu’on reste dans l’univers du champagne et pas qu’on tombe dans l’univers, je sais pas moi du Prosecco du des pétillants X ou Y. J’ai absolument rien contre mais nous on est du champagne. C’est un savoir-faire très précis et on doit montrer qu’on est du champagne. Et pour valoriser notre produit aussi.

Miguel :

Absoluemnt, c’est un cépage à perpétuer évidemment, donc on ne peut pas forcément l’oublier dans ce qu’on va développer par la suite.

Manon :

Alors moi j’avais une autre question parce que justement, en plus tu parlais de fidélité client. Alors je pense que c’est une question que beaucoup d’entrepreneurs se posent. Qu’est-ce que ça implique réellement pour une marque de faire un rebranding ? Donc que ce soit en terme de coût de production. Si c’est refaire ses packaging ? Ce genre de choses. En termes de temps, d’investissement et sur l’image de marque auprès de ses clients fidèles.

Camille :

Oui, alors en termes de coûts, il y a effectivement plusieurs choses. Effectivement, d’abord le coût du designer, de la personne qui va travailler sur l’identité de marque. Alors ça peut être très variable d’une personne à l’autre, d’un designer à l’autre en fonction de son expérience etc. Et ça peut être aussi variable en fonction du scope de son travail. Moi ce qui me paraissait cohérent, c’est vu qu’on va vraiment changer de façon très importante notre identité visuelle, produit, de changer l’écosystème, donc notre site internet, les photos sur nos réseaux sociaux, nos accessoires de consommation comme les vers, les sceaux etc, on va vraiment changer à 360 degrés la marque donc évidemment, on a fait le choix d’avoir le même designer qui design les maquettes du site internet par exemple et l’habillage produit pour avoir une cohérence totale entre tous les éléments. Donc ça ça varie aussi en fonction du scope, en fonction de la personne et après en fonction des habillages. Après nous par exemple, on a fait le choix d’avoir une logique de ce qui s’appelle le first in first out, c’est à dire qu’on va d’abord épuiser tous nos stocks actuels avant de passer au nouveau. Déjà pour les coups et puis aussi évidemment pour des questions environnementales. Ça me ferait quand même très mal de devoir jeter des centaines d’étiquettes et de cartons. Donc voilà, ça c’est vraiment une directive très claire. Donc en soi on va pas jeter ou quoi que ce soit. C’est juste qu’on a le coup du moule parce que souvent sur une première étiquette quand on imprime pour un produit physique, il y a le moule d’impression. Donc voilà ce qu’il va falloir réacheter, mais ça c’est vraiment les deux les deux éléments principaux. C’est vrai que c’est un très gros boulot. Moi je travaille sur ce sujet depuis plusieurs mois. Nous ce qu’on dit c’est que là on le refait parce que encore une fois il y avait des vraies raisons et c’est encore le bon moment pour le faire. Mais moi ce que je dis c’est que maintenant on ne bouge plus et on reste comme ça ! Donc faut vraiment bien faire les choses. Je pense que la difficulté aussi c’est que quand on est entrepreneur ou quand on travaille dans une entreprise en général, c’est de vouloir faire les choses trop vite et pareil, c’est tellement important de bien faire les choses et de prendre le temps. Ce que je vous avais peut-être dit la dernière fois. Quand on fait des tests, par exemple sur ce design là, par rapport à la fidélisation que tu mentionnais Manon, on voulait être sûr qu’on n’allait pas perdre nos clients actuels. Donc on a montré à une grande partie de nos clients le design avant et le design après. Et on leur a dit quel design vous préférez ? Et on voulait que notre clientèle préfère aussi le nouveau design, pour pas les perdre.

Miguel :

Souvent les marques ont du mal à prendre cette décision parce que c’est un investissement et le branding, on n’a pas un retour sur investissement direct. C’est quelque chose qui prend déjà du temps à concevoir mais qui prend des fois plusieurs mois pour qu’on en vois vraiment les effets. Est-ce que tu peux nous en parler un peu ?

Camille :

C’est un vrai sujet parce que la complexité du marketing dans une entreprise c’est que c’est un un retour sans investissement direct, pas comme les commerciaux par exemple. On va recruter un commercial et tout de suite on va voir un impact sur le chiffre d’affaires. Le marketing, c’est différent. Après je pense qu’il y a deux choses c’est un, avoir effectivement, c’est hyper important que avec votre dirigeants ou les autres services qu’on soit tous alignés dans la même direction de l’importance de valoriser la marque. Et deux parfois on sous-estime l’impact du marketing. Encore une fois dans notre cas, il y avait un vrai besoin de business et aujourd’hui moi les premiers ravis de ce changement d’identité, ce sont mes commerciaux. Parce que quand ils montrent la nouvelle identité à leurs clients, ils adorent le nouveau look de champagne EPC et ça les aide vraiment à vendre le produit.

Miguel :

Exactement parce que alors le marketing et le branding, en l’occurrence là quand on va travailler la marque, c’est toujours cette distinction qu’on peut faire ça effectivement, ça s’adresse aux clients comme on l’explique depuis tout à l’heure. Ça s’adresse aussi aux parties prenantes et en interne pour la cohésion de l’équipe qui se retrouve autour de valeurs qui sont renforcées. Mais ça du coup ça a aussi un effet sur l’externe et sur les investisseurs. Et du coup ça nous fait glisser sur cette levée de fonds. Vous avez levé récemment de 5,5 millions d’euros et est-ce que toute cette dynamique, est-ce que ça se ressent dans dans l’intérêt des investisseurs ?

Camille :

Totalement. Totalement parce qu’en fait au début, de la même façon que notre design était polarisant pour nos clients, il était aussi polarisant pour les investisseurs à qui ça faisait peur d’investir. Ça pouvait faire peur. Et dès qu’on leur a montré les nouveaux design, on a pu leur dire voilà la direction dans laquelle on va, on a eu un taux d’adhésion quasi unanime. Donc c’est hyper important. En fait, c’est hyper important mais ça dépend du produit. Dans le cadre du champagne, c’est extrêmement important d’avoir une jolie bouteille, ça va de soi. Je pense qu’il y a des produits ou c’est moins important l’identité visuelle, il y a des business ou c’est moins important que dans le champagne. Donc tout dépend effectivement de votre univers et de votre secteur. Mais pour notre levé ça a eu une grande importance.

Miguel :

Ce passage on va le on va le découper. On va en faire une retranscription en poster. C’est super important et moi je pense que c’est un des effets les plus bénéfiques du branding, c’est de créer de la confiance autour de soi, pour ses clients mais aussi pour les investisseurs ce qui est essentiel pour une marque qui a pour vocation de se développer. On se développe pas tout seul, c’est toujours un écosystème autour.

Camille :

Tout à fait, tout à fait. Moi et que ce soit pour le dentifrice dans mon ancienne expérience, je travaille sur les dentifrices par exemple et pareil, on avait je me souviens très bien à un moment donné, on avait un super dentifrice avec une très bonne formule à l’intérieur et le branding n’était pas idéal. Et en fait, on a décidé de changer l’emballage du produit et son branding général et les ventes ont décollé parce que en fait ça rendait plus justice à la formule du dentifrice et c’est comme nous. Voilà avec le champagne. C’est ce qu’on a voulu faire, c’est que on voulait aussi, rendre justice au vin, à la qualité de notre vin à l’intérieur de la bouteille.

Miguel :

Je n’aurais pas dit mieux.

Manon :

Pour revenir justement sur cette levée de fonds, j’avais une question aussi. Est-ce que tu peux nous dire comment est-ce qu’on réussit un tel exploit ? Parce que voilà c’est quand même une grosse levée de fonds avec des investisseurs de renoms. Donc tu pourras peut-être nous dire qui ils sont ? Comment est-ce qu’on réussit cet exploit, parce que vous êtes vous avez quoi 3 ans c’est ça ? Peut-être quelques conseils pour pour aider les startups qui recherchent des investisseurs.

Camille :

La première chose c’est je pense qu’il faut être très clair sur sa vision, sa stratégie. Parce que c’est avant tout ça qu’on va vendre à des investisseurs. C’est où on en est aujourd’hui, voilà où on va aller demain, il faut pouvoir justifier par des chiffres très précis. C’est ce qu’on appelle un business model ou un business plan. Donc la première chose c’est très bien travailler son business plan avant d’aller rencontrer des investisseurs. Se préparer aux objections potentielles qu’il peut y avoir. Nous on est on est trois associés fondateur. Donc à chaque fois, on s’entraînait effectivement avant d’aller voir des investisseurs potentiels aux différentes questions. Donc voilà, bien préparer ces rendez-vous. Et puis après ce qui est très important aussi au-delà de l’argent quand on lève des fonds, c’est d’avoir des investisseurs qui vont apporter quelque chose au projet. Et nous ça c’est je pense la plus grande chance qu’on a chez Champagne EPC. C’est pas tellement d’avoir des gens qui ont mis de l’argent même si c’est important. C’est savoir des gens qui nous entourent au quotidien et qui nous aident et qui ont des compétences très complémentaires. Pour vous donner des exemples, on a des investisseurs de la tech par exemple, donc une expérience très forte qui vont nous aider sur la partie digitale. On a des investisseurs qui viennent du monde du champagne qui vont nous aider sur la partie plus champagne. Là, on a eu la chance d’avoir quelqu’un, alors c’est pas un investisseur, c’est quelqu’un qui était l’ancien DG de la maison Moët & Chandon et qui est quand même chez LVMH. Il a été monsieur champagne pendant 25 ans. Donc d’avoir des personnes comme ça qui rejoignent notre aventure et qui nous aident au quotidien. Enfin encore une fois, on a des investisseurs qui sont extrêmement impliqués, ça c’est vraiment le plus important. Moi si j’avais un seul conseil à donner, c’est ne regardez pas uniquement le chèque. Regardez les compétences que l’investisseur va vous apporter.

Miguel :

Je pense que ce serait le secret de potion de cet épisode oui, à moins que tu en aies un autre que tu nous as réservé, mais en tout cas c’est très clair sur tout ça ! Et en tout cas, je suis vraiment heureux avec Manon de t’accueillir encore une fois sur cette saison 3 de La Potion. Juste une petite question encore, quand est-ce qu’on va pouvoir découvrir cette nouvelle identité ?

Camille :

Très bonne question et là elle va sortir à partir de mi-novembre. Donc voilà après comme je vous disais, tout dépend des stocks puisque qu’on veut épuiser les stocks existants. Donc toutes les bouteilles ne seront pas expédiées à partir de mi-novembre, il y aura un peu une phase de transition entre les anciens habillages et les nouveaux. À partir de début 2023, d’après nos estimations, tout sera en nouvel habillage. Mais on commencera à communiquer avant sur notre site Internet et nos réseaux sociaux avec la nouvelle identité à partir de mi-novembre.

Miguel :

Donc ce n’est pas un hasard si ça approche les fêtes cette nouvelle identité ?

Camille :

Noël, c’est la grosse période. Donc c’était quand même la particularité de ce secteur, c’est d’avoir un secteur aussi qui est très saisonnier.

Manon :

Alors, c’est une question qu’on avait peut-être déjà posée. Bon on va la reposer. À qui voudrais-tu passer le micro pour le prochain épisode de la potion ? Il y a quelqu’un que tu aimerais entendre, qui accepterait de nous parler de ses secrets ou de sa potion ?

Camille :

Tout au début de l’épisode pendant mon portrait chinois, j’ai cité Jacquemus, le créateur. Donc je vais être cohérente jusqu’au bout. Je pense que c’est quelqu’un qui a fait quelque chose de formidable avec sa marque, donc je serai très curieuse d’entendre ses secrets dans un prochain épisode de La Potion.

Miguel :

C’est un beau défi qu’on va essayer de relever. En tout cas, merci encore pour pour ton temps pour nous avoir tout dit sur champagne EPC, sur son futur, pour tous ces secrets de potion parce que vraiment, c’est ça qu’on aime. Surtout dans ces épisodes interview, c’est vraiment de pouvoir bénéficier de l’expérience de personnes comme toi et on est toujours heureux d’échanger. En tout cas, j’espère et je le sais que ça ça plaît à nos auditeurs.

Camille :

Merci à vous de m’avoir invitée, avec grand plaisir pour revenir peut-être un jour.

Manon :

On dit jamais deux sans trois. À tous on vous dit à la semaine prochaine. N’oubliez pas, une potion est un secret bien gardé.

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